Episode 24

Titre : LA CEREMONIE DE L’HOMME-OISEAU

 
 
 
 

Personnages secondaires :

Jason Haghia : Jeune Grec d’une vingtaine d’années, recueilli et élevé par le Grand Prêtre de Florès. Sa mère, qui faisait partie d’un groupuscule militant pour la liberté de la Grèce après l’invasion turque, a été tuée par l’armée de l’envahisseur. Beaucoup accusent le père de Jason, (Jason ignore l’identité de son père), d’avoir révélé aux autorités l’emplacement de leur repaire en contrepartie de quelques pièces d’or. Jason vient d’en apprendre plus sur celui-ci de la bouche de Mendoza. Il s’agirait d’un soldat turc.

Qhora : Aclas de 18 ans. Elle a sauvé Jason, malgré les souffrances que lui ont infligées les Espagnols. Qhora semble très attachée à Jason. Elle l’accompagne maintenant sur le Solaris. Elle a été endormie par un poison du Grand Prêtre de Flores.

Manaco : Descendant de l’Empire de Mû. Il possède le Condor. Zia pense qu’il a un lien de parenté avec Tao. Il travaillerait pour l’Empereur de Mû et sa principale mission est la destruction des Cités d’Or. Il ne lui reste plus que trois cités à détruire. Il est maintenant en possession de deux médaillons complets et du Condor.

Le Grand Prêtre de Florès : Ses intentions restent assez obscures. On sait qu’il veut créer un « Nouvel Empire », mais on ne sait pas exactement ce qu’il recherche. On a découvert que lui et Manaco se connaissaient et qu’ils avaient une mission commune, la destruction des Cités d’Or. Il est en route pour l'Empire de l'Alliance à bord du Solaris. Ses hommes ont balancé Mendoza et Sinchi par-dessus bord.

Kardiphôs : Son nom n’a été évoqué qu’une seule fois par le Grand Prêtre de Florès qui est visiblement sous ses ordres. Esteban, Zia et Tao l’ont rencontré dans l’engin de « l’Empire de l’alliance », celui-ci ne paraissait pas hostile aux enfants. Que peut bien vouloir ce personnage ?

L’Amiral : 33 ans. Fidèle ami de De Vaca. Il a été traducteur pour Pizarro, mais après plusieurs différends et de violentes disputes, il est retourné en Espagne. Il a accepté de repartir avec Juan. Il maîtrise le quichua [langue des Incas] et a une grande admiration pour la civilisation inca. Il regrette maintenant d’être revenu au Pérou. Après plusieurs menaces, il décide de rentrer en Espagne avec Hernando Pizarro.

Sinchi : 27 ans. Il faisait partie de la garde privée d’Atahualpa, l’empereur inca. Il a été capturé à Cajamarca en même temps que l’Empereur pendant l’embuscade organisée par Pizarro le 16 novembre 1532. Il a trahi Esteban, Zia et Tao en les dénonçant à Almagro, son protecteur. Il regrette son geste. Après avoir fait traduire une phrase dans le livre en grec ancien qui lui disait que sa destinée était liée aux enfants de la lune et du soleil, il a quitté Cajamarca pour Pachacamac où il a découvert chez lui un vase semblable à celui de Tao. Il est monté avec Qhora, sa sœur, et Jason sur le solaris. Il a été par-dessus bord par les hommes du Grand Prêtre de Flores.

Francisco Pizarro : 65 ans. Principal acteur de la conquête du Pérou. Excellent stratège. C’est un homme brutal, voire cruel. Il a promis à Atahualpa que s’il lui faisait apporter une quantité importante d’or, il épargnerait sa vie. Il a renoncé aux Cités d’Or.

Tupa : Tupa est un imposant pascuan d’une trentaine d’années rencontré par les enfants sur l’île de Pâques. Il a sauvé Tao d'une mort cerrtaine. Epoux de Ngaara, père de Hori et serviteur d’un des chefs de l’île, il devra bientôt risquer sa vie pour ramener un œuf d’hirondelle des mers dans un rituel dédié à l’Homme-Oiseau.

--------------

Résumé de l’épisode précédent :
Esteban, Zia et Tao ont rencontré le vieil homme qui possédait un vase identique à celui de Tao. Il leur a parlé de l’existence de sept familles toutes détentrices d’un tel vase. Avant de mourir il les avertit de se méfier de l’Empereur de l’Alliance. Après avoir vu le Condor survoler l’île, Zia, Tao et Esteban se retrouvent devant une caverne avec une mystérieuse énigme sur les bras. Le Grand Prêtre de Flores a mis son plan à exécution: Mendoza et Sinchi ont été balancés par-dessus bord. Mais Qhora a assisté à cette sombre besogne et le Grand Prêtre a été contraint de l’endormir à jamais afin que Jason ne soit pas informé. A la grande surprise du Grand Prêtre le mécanisme du Solaris s’est mis en route, qui a pu l’actionner ?


Sur le Solaris, le Grand Prêtre déambule dans les couloirs. Un homme arrive vers lui. Il l’interpelle.

-C’est toi qui a enclenché le mécanisme ?
-Quel mécanisme ?
-Laisse tomber.

Il continue sa visite du bateau. Le Grand Prêtre est visiblement préoccupé.

-Ce n’est pas possible, ça ne peut pas être lui.

A côté de la « Caverne aux mille vents », Zia, Tao et Esteban sont toujours assis près de la plaque en or. La vieille femme les observe assise sur les escaliers. Tao réfléchit à haute voix.

-«Le porteur des sept clés sera le guide au septième pas » (T)
-De quelles clés pourrait-il s’agir ? (Z)

Esteban se lève.

-Supposons que cette énigme nous soit destinée ? (E)
-Ce qui me paraît être le cas. (T)
-Oui, alors quels éléments avons-nous en sept exemplaires ? (E)
-Aucun. (T)
-Souvenez-vous de ce que nous a dit le vieil homme, d’après lui il existe sept vases. (Z)

Les trois enfants tournent la tête en direction du vase.

-Vases qui pourraient bien correspondre à des clés. (T)

Esteban ramasse le vase et se dirige vers la caverne.

-Mais faut-il en avoir sept pour passer ce tunnel ? (Z)
-Je vais essayer, on le saura tout de suite. (E)

Zia et Tao se lèvent.

-Fais attention, Esteban. (Z)

Esteban s’engouffre dans le tunnel. Il marche lentement dans le noir. Il compte ses pas à haute voix.

-Un…deux…trois…quatre…cinq…six…sept.

Il s’arrête.

-Tu vois quelque chose ? (T)
-Non, il se passe rien. (E)
-Fais encore un pas. (Z)

Esteban s’exécute et soudain le vase commence à briller, éclairant son chemin. La vieille femme se lève, les yeux écarquillés. Tao sourit.

-Tu es notre guide, Esteban.

Esteban découvre qu’il est au bord d’un gouffre : un pas de plus et il serait tombé. Tao rejoint Esteban, suivi de Zia qui remercie la vieille femme. Celle-ci les regarde s’éloigner, le visage hébété. Les trois enfants marchent avec précaution dans cette caverne parsemée de failles qui paraissent sans fond. Après plusieurs minutes de marche, le bout du tunnel n’apparaît toujours pas. Le vent risque à tout moment de les déstabiliser et le nombre de crevasses augmente.

-Donnons-nous la main. (Z)

Zia, Tao et Esteban se prennent par la main et continuent à avancer avec prudence. Apparaît alors devant eux, un passage escarpé entre des failles, d’une largeur de 20 centimètres. La lumière n’atteint pas le bout de ce passage, il doit faire plus de 5 mètres de long. Ils s’arrêtent avant de traverser. Esteban, qui jusqu’alors n’avait pas été embêté par son acrophobie, reste tétanisé à l’idée de traverser.

-Esteban, ça va ? (T)
-C’est ton vertige ? (Z)
-Oui, mais ça ira . (E)

Esteban ferme les yeux, prend une profonde aspiration et se lance le premier. Il franchit avec courage les deux premiers mètres, mais soudain une bourrasque de vent lui fait perdre l’équilibre.

-Esteban !

Le vase bascule dans le vide éclairant les murs dans sa chute. Il tombe 8 mètres plus bas au milieu de squelettes humains. La lumière atteint difficilement le haut du fossé, mais éclaire suffisamment Esteban qui a réussi à s’agripper.

-Tiens bon, Esteban ! (T)

Tao se lance à son tour sur le passage. Esteban essaie de remonter seul, mais la paroi est trop humide et ses pieds glissent.

Sur le Solaris, le Grand Prêtre poursuit ses investigations. Il découvre la porte qui mène au cube, une forte lumière se dégage de l’embrasure. Il descend l’étroit couloir et arrive dans la salle du mécanisme. La surprise marque son visage.

Tao arrive à la hauteur d’Esteban. Il s’assied sur le passage, un pied de chaque côté. Il saisit le bras tremblant d’Esteban et l’aide à remonter. Il réussit avec le concours d’Esteban à le ramener sur la passerelle.

-Merci, Tao.

Ils reviennent auprès de Zia qui prend Esteban dans ses bras. Tao regarde le vase au fond du trou, puis autour de lui. Les deux bouts du tunnel ne sont pas visibles.

-Comment faire ?
-Après ce qu’on a déjà franchi, c’est impossible de revenir en arrière dans le noir. (E)
-Ni continuer, ça serait de la folie. (Z)
-On a plus qu’à appeler à l’aide. (E)
-Personne ne pourra venir… (T)

Ils commencent à crier, mais la seule personne qui aurait pu les entendre remonte les escaliers qui mènent au village souterrain ; la vieille femme ne peut plus ouïr leurs appels.

Le Grand Prêtre de Flores découvre avec étonnement la salle qu’il n’avait jamais vue auparavant et le grand cube doré en son centre. Devant celui-ci se trouve Jason qui se tourne vers le Grand Prêtre lorsqu’il entend ses pas.

-Jason ?

Jason sourit.

-Ça a marché ?
-C’est toi qui a enclenché le mécanisme ?

Il s’approche de Jason en regardant le cube.

-Oui.
-Mais je croyais que tu ne savais pas comment faire.
-Mendoza m’a tout révélé.

Inquiet, le Grand Prêtre tourne la tête vers Jason

-Quand ?
-L’autre jour, après que vous soyez parti.

Le Grand Prêtre semble soulagé. Jason se dirige vers l’escalier.

-Plus vite nous serons arrivés à l’Empire, plus vite Qhora pourra être soignée.

Il monte les marches et s’éloigne. Le Grand Prêtre sourit en hochant la tête comme s’il se trouvait bête.

-Je pensais que l’esprit de Mendoza nous avait joué un mauvais tour.

Les trois enfants se trouvent toujours au bord du trou éclairé par le vase. Malgré leur appel à l’aide, personne n’est venu les rejoindre.

-On n’a pas le choix, il faut revenir en arrière. (E)
-D’accord, le mieux est d’y aller à quatre pattes, lentement. (Z)

Ils se mettent en route, mais soudain la terre commence à trembler. Des pans du tunnel s’écroulent par endroits, par chance ils ne sont les touchés.

-C’est pas vrai ! (E)
-Manaco a dû détruire la cité. (Z)
-Il aurait pu attendre qu’on ressorte ! (T)

D’autres pans du tunnel s’écroulent, la situation devient de plus en plus dramatique.

-Manaco! C’est peut-être notre chance, il faut essayer de l’appeler. (E)

Ils crient en choeur son prénom, espérant être entendu. Le sol se divise sous leurs pieds, impossible de continuer sans lumière. Ils sont coincés et le plafond continue à s’effriter, le tremblement se prolonge. Esteban, Zia et Tao se rapprochent et protègent leur tête avec leurs mains en espérant que ça passe, mais la situation semble empirer, quand soudain ils voient une lumière venant de la fin du tunnel, elle s’approche rapidement. Ils finissent par discerner un homme, c’est Manaco qui porte un autre vase, identique à celui de Tao.

-Venez, vite ! (M)

Les enfants s’élancent en courant vers lui, oubliant fossés et trous ils foncent vers la sortie qui apparaît bientôt devant eux. Le tunnel débouche sur une sorte de plate-forme en pierre pavée où Manaco a posé le Condor. Celle-ci se trouve sur une petite île plutôt plate, entourée de falaises infranchissables, qui se situe à 300 mètres de l’île de Pâques. Les enfants voient devant eux une île en train de s'enfoncer sous les flots. Ils regardent, envoûtés, l’île disparaître dans l’océan. Le tremblement de terre s’interrompt. Manaco se dirige vers le Condor.

-Merci de votre aide. (T)

Manaco ne répond rien.

-Où avez-vous eu ce vase ? (Z)

Manaco s’arrête et se tourne vers les trois enfants. Il esquisse un petit sourire.

-Un ami me l’a confié. (M)
-Il n’était donc pas dans votre famille ? (T)

Manaco se remet en marche.

-Si.

Il monte dans le Grand Condor et s’assoit.

-Vous parlez tous par énigme à l’Empire de Mû ? (T)
-Tu ne parles pas par énigme toi, Tao ? (Manaco)

Esteban et Zia le regardent d’un air amusé.

-En effet, ça lui arrive souvent. (E)
-Mouais.

Boudeur, Tao croise les bras en levant la tête. Zia s’avance d’un pas.

-Avez-vous nos médaillons ? (Z)

Manaco jette un petit coup d’œil sur les deux médaillons complets qui se trouvent à côté de lui, puis regarde Zia dans les yeux.

-Non, c’est votre ami Espagnol qui les a.
-Mendoza ? Vous l’avez croisé ? (E)
-Oui, il m’a dit qu’il retournait en Espagne pour aider deux vieux amis. (M)

Les trois enfants sourient.

-Sancho et Pedro. (E)
-Toujours dans la panade, ces deux-là. (T)
-A bientôt. (M)
-Attendez ! Cette île (en montrant l’endroit où elle a disparu sous l’eau), c’était une Cité d’or ? (T)
-Oui. (M)
-Il vous en reste combien à détruire ? (Z)
-Trois ! A très bientôt !

La vitre de la cabine du Condor se referme lentement.

-Attendez ! (T)

Manaco leur fait un signe d’adieu de la main et décolle lentement, puis prend la direction nord-est.

-En route pour le Royaume du Soleil levant !

Il pose le vase à côté de lui en souriant :

-Il est à nous ce vase, Tao. (Manaco)

Esteban, Zia et Tao regardent le Condor disparaître à l’horizon.

-Je n’ai pas confiance en lui. (T)
-En tout cas, il ne nous a pas tout dit. (Z)

Esteban fait quelques pas. Il regarde l’île de Pâques.

-Si c’était un ennemi, il ne nous aurait pas sauvés…une fois de plus. (E)
-Restons méfiants…il nous a peut-être pas sauvé par sympathie. (T)
-Oui. (Z)

Zia regarde ses doigts, elle semble réfléchir.

-A quoi tu penses, Zia ? (E)
-Aux quatre cités détruites, (Z)
-La première, détruite par les Olmèques, celle sur Flores, celle près du temple et celle-ci. (E)
-A chaque fois nous y étions et à chaque fois il nous coiffe au poteau. (T)

Sur le Solaris, le Grand Prêtre se trouve dans la cabine avec deux de ses disciples.

-Je crois que j’ai sous-estimé l’Empire de Mû, ce navire est assez impressionnant. (GP)
-Oui, mais rien à voir avec le « Pteron ».

Il rit.

-Vive l’Atlantide !
-A cette vitesse, nous serons à l’Empire plus vite que prévu. (GP)
-Et Jason ? Il a cherché à voir l’Espagnol ou l’Inca ?
-Non, il est trop occupé à veiller sur la fille. (GP)

Le temps passe sur l’île de Pâques et la cérémonie de l’homme oiseau, qui peut durer plusieurs mois, a commencé. Toujours logés chez Tupa, les trois enfants ont pu se reposer et préparent déjà leur départ pour l’Empire de l’Alliance.

Esteban et Zia profitent d’un magnifique coucher de soleil. Ils sont assis sur une pierre entre deux moais. L’île de l’Empire de l’Alliance se trouve devant eux, loin à l’horizon.

-Je crois que nos parents viennent de cet Empire. (Z)

Elle regarde Esteban.

-Je parle de ton père et de ma mère. (Z)
-Alors qu’est-ce qui a bien pu les contraindre à fuir ? A le quitter ? (E)
-Bientôt nous obtiendrons des réponses à toutes nos questions. (Z)
-Je l’espère.

Une rafale de vent les interrompt. Elle fait tourbillonner des brins d’herbes devant eux. Zia regarde Esteban comme si elle voulait lui dire quelque chose d’important, mais n’osant franchir le pas.

-Quelle surprise nous prépare, Tao ? (E)

Zia sourit.

-J’ai essayé de lui tirer les vers du nez, mais il a rien voulu me dire. (Z)
-Quelle invention nous réserve-t-il ? (E)

Vient alors le jour où chaque serviteur doit ramener l’œuf d’hirondelle des mers. Esteban, Zia et Tao avaient promis à Tupa de rester sur l’île jusqu’à cet événement. Celui-ci se réveille le premier et sort de la maison sur la pointe des pieds. Il découvre avec soulagement un ciel bleu azur, sans aucun nuage.

Les cérémonies annuelles se déroulent dans le village d’Orongo, à la pointe sud-ouest de l’île, au bord du cratère du Rano Kau. Les différents hommes forts de l’île, dans leur tenue d’apparat, arrivent, accompagnés par leur serviteur. Tupa sert un homme assez corpulent qui dégage une certaine sympathie. La foule est déjà nombreuse. Tupa rejoint sa femme et son fils qui sont accompagnés d’Esteban, Zia et Tao. Il prend son fils Hori dans les bras.

-Ne t’inquiète pas, tout se passera bien. (T)
-Ça m’étonnerait.

Tous se tournent vers le nouvel arrivant. Il s’agit d’un autre serviteur. Il a un visage hautain et très creusé.

-Cette fois les requins ne te rateront pas !

Il lance un regard en direction de Hori et de la femme de Tupa. Celui-ci pose son fils à terre et saisit le bras du provocateur pour l’emmener à l’écart. Tao le regarde d’un air méprisant :

-Pour qui il se prend celui-là ?

Les deux hommes se trouvent maintenant hors d’écoute.

-Hoppa, laisse ma famille en-dehors de ça.
-Je les préparais juste à l’inévitable.
-Mon fils était plus serein…

Il se tourne vers lui et découvre qu’il pleure dans les bras de sa mère. Hopa rit.

-Comme son père, une vraie mauviette…

Tupa l’ignore et retourne vers les siens. Il s’agenouille à la hauteur de Hori.

-Je reviendrai.

Il se redresse, lance un regard rassurant en direction de sa femme et se dirige vers les autres serviteurs. Ils doivent ramener à la nage le premier œuf de l’hirondelle de mer qui se trouve sur l’îlot de Motu Nui. Ils devront lutter contre le courant et espérer que les requins aient bien mangé le matin. Le chef du gagnant portera alors pendant un an le titre de Tangata Manu, l’homme-oiseau. Il deviendra le détenteur d’une autorité temporaire d’origine divine qui lui conférera un pouvoir politique sur la population. Chacun des serviteurs, les Hopu, porte un flotteur en bambou où se trouve de la nourriture pour nourrir les hirondelles et un morceau de tapa rouge attaché autour de leur front qui servira à fixer l’œuf pour le ramener.

La compétition commence. Les serviteurs doivent, avant d’atteindre l’océan, dévaler une pente escarpée de roches volcaniques coupantes et friables sur plus de 300 mètres. Cela commence plutôt mal pour Tupa qui tombe lourdement après 100 mètres de course. Il s’est entaillé la jambe profondément, mais il se relève et tente de rattraper son retard en boitant. Hoppa est le leader, il a pris de l’avance et c’est le premier à plonger. Tupa a rejoint d’autres concurrents qui se sont blessés comme lui. Ils arrivent au bord de l’eau et plongent. Maintenant ils doivent nager près de 2 kilomètres avec leur flotteur pour arriver à l’île aux hirondelles. Tupa est un excellent nageur, il rattrape rapidement une partie du groupe, mais Esteban remarque que sa blessure saigne abondamment. Il chuchote pour ne se faire entendre que de ses compagnons.

-Le sang va attirer les requins…(E)
-Oh non ! (Z)

Ceux-ci ne se font pas attendre, trois ailerons apparaissent à la queue du groupe.

Le Solaris vogue en pleine tempête sous un ciel noir. Une pluie torrentielle s’abat sur le navire ballotté dans tous les sens. Le Grand Prêtre de Flores se trouve dans la cabine avec trois de ses hommes.
-L’Empire approche…(GP)
-Vous pensez que Manaco est en possession des médaillons ?
-Oui sûrement et si l’armée impériale a bien capturé les deux enfants, tout se passera comme prévu.

Il rit. Jason entre dans la cabine complètement trempé.

-Mendoza n’est plus dans sa cabine !

Le Grand Prêtre se tourne vers Jason.

-Jason, tu n’aurais pas dû venir jusqu’ici, une vague aurait pu t’emporter. (GP)
-Tu sais où est Mendoza ? (J)
-Tu voulais le voir ?
-Oui, où est-il ?
-Qu’est-ce que tu voulais lui demander ?
-Je voulais qu’il me parle de ma mère. (J)
-Il t’a déjà tout dit.

Le Grand Prêtre paraît de plus en plus embarrassé par cette conversation, tout comme ses hommes qui connaissent la vérité.

A l’île de Pâques. Tupa est sur le point de rattraper Hoppa qui est un moins bon nageur que sprinter, mais un requin attiré par le sang de Tupa se rapproche dangereusement. Tupa se retourne comme sentant le danger et voit le requin s’approcher. Il accélère, mais cela ne décourage pas le requin qui se rapproche. Zia, Esteban , Tao et la famille de Tupa assistent à la scène crispés et impuissants. Tupa, abandonne son flotteur, plonge et disparaît sous l’eau, l’aileron du requin fait de même. Les spectateurs scrutent la surface de l’eau sans voir réapparaître Tupa. Hoppa arrive sain et sauf sur l’île de Moto Nui. Tupa n’a toujours pas refait surface. Soudain Hori montre un rocher émergeant de l’océan, il a vu une main s’y agripper. Tupa sort de l’eau et grimpe sur le rocher. Grand soulagement dans son camp. Tupa bande sa blessure à l’aide d’algues et replonge après s’être assuré que le requin n’était plus là. Il rejoint à son tour l’île en récupérant son flotteur. D’autres concurrents ne sont pas encore arrivés. Tupa repère les lieux, sans voir où se trouve Hoppa. Il découvre un nid d’hirondelle, mais le précieux œuf n’est pas encore présent. Il s’installe non loin de celui-ci.

Au solaris. Jason se trouve toujours dans la cabine.

-J’ai l’impression que vous me cachez quelque chose ? (J)

Le Grand Prêtre baisse la tête d’un air dépité. Il prend un visage de circonstance.

-Je ne voulais pas que tu l’apprennes ainsi. (GP)
-Que s’est-il passé ?
-Mendoza est tombé par-dessus bord.

Jason est affecté par cette nouvelle. Il reste un instant sans mot dire. Le Grand Prêtre continue.

-Il a essayé de s’enfuir et c’est en se battant avec l’un de mes hommes qu’il est tombé à la mer. Je suis désolé Jason, je sais que c’est quelqu’un que tu respectais.
-La prochaine fois, j’aimerais ne pas être mis à l’écart, je n’ai pas besoin d’un traitement particulier.

Jason sort de la cabine.

-Vous pensez qu’il a des doutes ?

Le Grand Prêtre secoue la tête négativement.

-J’ai un trop grand ascendant sur lui.

Les jours passent sur Rapa Nui. Tupa a réussi à gagner la confiance de l’hirondelle qui vient chercher la nourriture qu’il lui propose. Hoppa ne semble pas vraiment préoccupé par les hirondelles, il est couché sur les rochers profitant du soleil, mais il surveille Tupa du coin de l’œil. Tupa dépose un peu de nourriture à côté du nid et retourne derrière son rocher. Il est visiblement fatigué d’avoir guetté l’oiseau depuis tous ces jours et il s’assoupit lentement, essaie de lutter, mais fini par sombrer. Après une heure, Tupa est toujours assoupi. C’est le moment que choisit l’hirondelle pour pondre son premier œuf. Hoppa, toujours à l’affût, s’en rend compte le premier. Il s’approche du nid, s’accroupit et saisit l’œuf. Tupa se réveille lentement et voit Hoppa devant son nid :

-Hoppa !

Hoppa se tourne en direction de lui et lui montre l’œuf. Il sourit méchamment.

-Merci d’avoir pris soin de lui.

Selon la tradition, celui qui trouve le premier oeuf d’hirondelle doit se rendre sur un rocher qui se trouve à l’autre bout de l’îlot et brandir l’œuf en direction de l’île de Pâques. Hoppa se dirige à toutes jambes en direction de ce rocher. Tupa se lance à sa poursuite afin de récupérer l’œuf qu’il aurait mérité de ramasser. Mais sa blessure le fait souffrir et il n’arrive pas à arrêter Hoppa. Celui-ci monte sur « Le cri de l’oiseau » et montre l’œuf en criant à l’assemblée le nom de son maître suivi de cette phrase :

-« Rase-toi la tête ! »

En effet, son maître devra se raser la tête, les sourcils et les cils. Tupa regarde la foule acclamer celui qui lui a volé son œuf. Hoppa glisse l’œuf dans son bandeau rouge et saute à l’eau pour rejoindre Rapa Nui.

Plus tard, au village d’Orango, le nouvel « homme-oiseau » fait son apparition. La tête rasée, le visage peint et portant un costume de plume. Tupa, à côté de sa femme, son fils dans ses bras assiste au spectacle. Tao trépigne.

-C’est injuste, dire que c’est ce crétin qui a ramené l’œuf. J’espère que son maître vaut mieux que lui.

Tupa sourit et en se tournant vers Tao :

-Une injustice n'est rien, si on parvient à l'oublier.

A l’aube, Esteban et Zia suivent Tao qui les conduit en direction d’une plage.

-Je me suis dit qu’il nous fallait une embarcation pour atteindre l’empire. (T)
-C’est donc ça ta surprise ! (Z)

Tao rigole et leur présente un pédalo à trois places élaboré à partir des bateaux des Pascuans.

-C’est quoi ça ? (E)
-Comment « c’est quoi ça » ? Cache ta joie Esteban, tu comprendras très vite son utilité. (T)

Ils poussent l’invention de Tao à l’eau. Arrivent alors Tupa et sa famille venus leur dire au revoir une dernière fois.

-Revenez-nous voir ! (Tupa)
-Comptez sur nous (Z)
-Merci pour tout ! (E)

Ils montent dans leur bateau et commencent à pédaler. Ils font un dernier signe d’adieu à ceux qui les ont logés.

-Soyez prudents !

La mer est calme, magnifique. Mais ils savent bien que ça ne durera pas. Ils se dirigent vers l’île aux faisceaux qui est surplombée par d’épais nuages noirs. Ceux-ci n’ont jamais quitté l’île depuis l’arrivée des enfants sur Rapa Nui. Esteban a beaucoup de plaisir à pédaler. Pichu dort sur l’épaule de Tao.

-C’est génial ton invention, Tao. Ça va, je suis assez enthousiaste ? (E)

Esteban rit. Tao se gratte derrière la tête.

-Merci. Je me suis dit qu’une voile n’aurait pas été l’idéal surtout dans les environs de l’Empire.
-Tu penses toujours à tout. (Z)

Esteban fixe les nuages noirs.

-En effet, le vent doit être violent là-bas. (E)
-L’Empire de l’Alliance…(Z)

A suivre…

 
 
 
EPISODE 25 14_Episode_25.html14_Episode_25.html14_Episode_25.htmlshapeimage_1_link_0
 EPISODE 2314_Episode_23.html14_Episode_23.html